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Kheyd's Fairytales - L'Histoire d'un Tyran

4 février 2010

Le dernier sacrifice.

La cérémonie avait été époustouflante, la plus grande fête que Kheyd n’ai jamais connu, sans aucun doute. Depuis les conquêtes des années dernières, le pays roulait sur l’or, en plus d’être devenu outrageusement puissant. Et désormais, cette puissance extraordinaire, ce vaste territoire, ces armées … M’appartenaient. Oh, certes, ils n’appartenaient pas qu’à moi. Malheureusement, je devais aussi partager mes possessions avec un homme. Ô triste injustice que d’être considérée comme une créature inférieure face à cette race d’être humain barbare et stupide, communément appelée la gente masculine. Mais il faudra plus qu’un homme pour m’arrêter, foi de Bellatrix ! Je saurai le tasser du chemin bien assez tôt. En attendant, il faudra sans doute m’offrir à lui ce soir, beurk. Je répugne un peu à donner ma chair précieuse à ce puceau, mais il va bien falloir m’y plier, si je veux continuer à donner le change. Mais ce sera bien la seule et unique fois qu’il pourra bénéficier de ce privilège, et il a intérêt à s’en montrer digne !

Au bras de mon nouvel époux, j’entrai dans notre chambre nuptiale, un sourire de parfait bonheur collé aux lèvres - le genre que personne ne reverra plus jamais dans mon visage. Ma réaction lorsque j'aperçus notre antre fut à peine exagérée. Avec un grand cri d’étonnement, je découvris une chambre gigantesque, de forme circulaire, décorée et meublée des étoffes et matériaux les plus précieux du monde. De précieux rideaux de soie bleue couvraient les fenêtres, des meubles taillés dans un bois de cerisier importé tout droit de Chine se dressaient fièrement contre les murs, des chandeliers en or diffusaient , des miroirs incrustés de pierres précieuses qui avaient plus de valeur encore que la vie humaine, et surtout, le plus beau de tous … Le lit. Une véritable œuvre d’art. Le bois était taillé avec une précision formidable, chaque centimètre carré de surface illustrait des scènes d’anges combattant des démons, de chevaux tirant des carrioles, de soldats brandissant des lances de guerre … Mais, à vrai dire, ce n’était pas vraiment beau. Trop de dessins, beaucoup trop chargé. Mais avec des pièces de ce genre, on a atteint un stade où la chose vaut tellement cher que l’apparence n’a plus aucune importance. Mais, pour faire plaisir à mon mari, et pour nourrir mon personnage de petite fille sage, je bondis vers chaque recoin de la pièce en m'extasiant devant les meubles et la taperisserie. Et alors, je me retournai, fit comme si je voyais le lit pour la première fois, et me jetai littéralement dessus. Mais, arrivée devant, je n'osai pas le toucher, comme si je considérais qu'il était trop précieux pour mes doigts puissent l'effleurer - ce qui était faux, bien sûr.

- Oh, Venceslas, regarde-moi ce lit ! Oh, ce que c’est beau ! Des gens ont-ils vraiment sculpté toutes ces merveilles rien que pour nous ?

Question stupide, ce que j’en avais marre de jouer l’idiote. Oh, j’aurais pu arrêter tout de suite mon petit jeu, mais j’avais décidé d’attendre jusqu’à demain. J’offrais un dernier jour à Venceslas pour profiter de celle qu’il avait épousé, avant d’enlever mon masque et de dévoiler la diablesse qui l’avait si bien embobinée. Profite bien, mon chéri, demain, tes plans risquent de tomber à l’eau, lorsque tu verras le monstre que tu viens d’épouser …

Je m’approchai de lui d’une démarche aguicheuse, gardant un air innocent au visage. Je posai un doigt sur son torse et plongeai mon regard dans le sien, image-même de la pureté. Et puis j’eus un petit sourire coquin, l’attrapai par le col et l’attirai doucement vers moi, collant mon nez au sien.

- J’attends ce moment depuis si longtemps … chuchotai-je, feignant d’être émue.

Allez, quand il faut y aller, il faut y aller. Et puis, ce n’est pas comme si c’est la première fois que je couche avec un homme simplement pour arriver à mes fins. Mais bon, il ne faut pas que ça devienne une habitude, quand même. Après tout, je suis Impératrice, pas prostituée. Hmm, Impératrice ... Un mot qui fond sur la langue comme un chocolat.

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31 janvier 2010

Chapitre Un

Le mariage. Chose stupide reliant un homme et une femme à vie. Pff, comme si cela avait une quelconque valeur. Mis à part pour les avantages légaux, je ne concevais pas que tous les êtres peuplant mon Empire puisse réellement fêter avec emphase cet événement. Ils devaient pourtant se douter que ce n'était pas un mariage d'amour, qu'il était surtout destiné à faire de moi l'Empereur qui leur manquait. Ils devaient parfaitement se douter qu'en réalité j'étais un homme calculateur, froid, assassin, obsédé par le temps. … En fait, non, probablement pas. Impossible d'imiter avec autant de conviction la bêtise qui empestait l'air. La musique, les danses, les conversations joyeuses... Enfin, je ne devais arranger les choses, avec mon sourire de circonstance. J'étais plutôt bon comédien. Cela faisait quatre ans, six mois et dix neuf jours que je patientais, tout ce temps, que j'attendais la mort de mon Père pour pouvoir prendre sa place. Aujourd'hui était le grand jour. J'avais choisi mon épouse vite, mais bien. Héritière du Royaume d'Equinesis, elle m'offrait tout une porte sur l'océan, donc sur la fameuse île de Dokuja, île peuplée de créature maître des armes. De plus, elle était célèbre pour sa beauté. Ma mère ne devait y être étrangère.

Tous ces idiots qui fourmillaient à mes pieds me donnaient envie de rire. Chacun d’entre eux se prosternait à mes pieds, et je résistais difficilement à la tentation de tous les soumettre, là, maintenant. Misérables créatures, hypocrites, lâches. Ils savaient tous par quel miracle j’étais assis sur ce trône, sur le point d’épouser une des plus belles femmes du continent. Le prêtre prenait tout son temps pour venir, et je réprimais à grand peine mes soupires d’agacement. Alors, dans un souci d’occupation, je tournai ma tête vers Bellatrix. Elle souriait, ah pour ça, elle souriait. Comme si elle m’aimait vraiment. J’en doute fortement, vu la vitesse à laquelle cet ange avait cédé son père sous l’arme d’un de mes soldats… Une démone à l’apparence innocente. Elle pourra être utile. Cela expliquait pourquoi j’avais accepté de l’épouser. Courageuse femme… Un an dans l’incertitude, à douter, à se demander si j’allais l’épouser. Sa patience était sans faille, une grande vertu, il fallait le lui concéder. Mais tout allait bien, j’allais être sacré empereur… Enfin. Le passage était libre. J’avais éliminé mon Père de la course, il mettait trop de temps à mourir de sa maladie. Quand bien même vivait-il toujours, il pouvait me céder le trône, mais cette brute épaisse possédait la fierté du lion et l’intelligence de l’âne. Je jouais à chacune de mes visites le fils dévoué, attaché à sa mère et à son père, mais il devait voir à travers mon masque, qui sait… Mais, un an jour pour jour auparavant, j’avais décidé de passer à la vitesse supérieure. Un petit peu de belladone dans son médicament, plus aucune trace… Et me voilà Empereur en deuil. Selon la tradition, je devais respecter une année de deuil pour mon géniteur décédé, mais franchement, cela servit surtout à asseoir ma puissance. Je me fis des alliés, et fort peu d’ennemis. Je me vengeais de cette vie entière d’asservissement filial, d’humiliations calculées, de désintérêt total. Mon père le paya par la mort. Ma mère le payera par une autre vie d’esclave, sous un couvert de mère aimée et d’ancienne Reine.

Puis, enfin, le prêtre arriva, suivi de très près par deux soldats et trois enfants de chœur qui chantaient quelques prières à notre Dieu. J’étais ailleurs, je n’en avais rien à faire de cette cérémonie qui allait m’unir à cette femme. Elle devait être une prude qui s’outragerait le soir même, à nos noces, que je la touche du doigt. Ho, je n’avais pas l’intention de rester avec elle. Isabella se chargera de me détendre. Cette Bellatrix n’aura qu’à rester vierge jusqu’au moment où j’aurais besoin d’un héritier. Et je tuerais ses amants, si jamais cela venait à s’ébruiter qu’elle fréquentait à tout va des mâles autre que moi. Mauvais pour l’image… Et si elle tombait enceinte de l’un d’eux ? Ce serait tout simplement une catastrophe. Même, je ne pourrais jamais savoir si l’enfant serait mien… Ou pas. Le doute planant, elle devra attendre l’âge mûr avant de fréquenter quiconque. Ce serait plus sûr… Oui, nous ferons ainsi. Quoi, que me veut-il, celui-là ?

« Votre Majesté, Venceslas de Kheyd, acceptez-vous de prendre Son Altesse Bellatrix d’Equinesis pour épouse, de la chérir dans le bonheur comme dans le malheur, au nom de notre Dieu tout puissant Keblin… »

Et ce damné prêtre devait avoir oublié que j’étais son Empereur… Enfin, que je serais son Empereur dans quelques minutes, et que s’il continuait à me barber de cette façon, il allait finit avec la tête séparée du reste du corps. Enfin, ce serait probablement très néfaste pour l’image d’assassiner l’homme qui aura officié mon mariage… Surtout que c’est censé être un mariage heureux. Ha, que l’ironie est belle. Cette femme souriait à l’idée de la puissance que j’allais lui procurer, et moi je pensais à tuer tout le monde déjà. Je pensais déjà à Equinesis, porte grande ouverte sur l’océan, sur la magnifique île de Dokuja, où les habitants sont inquiétants mais fort doués dans l’art de forger les armes – exactement ce dont j’ai besoin pour conquérir par la force les terres d’outremer. J’avais l’armée, il me fallait les armes. Et bientôt, je serais l’homme le plus craint, le plus puissant, le plus riche que notre Terre n’aie jamais porté. Ha, il a fini de parler.

« Oui, je le veux. »

Ensuite, il nous déclara mari et femme. Puis, il procéda à une énième série de prière pour Keblin notre Dieu tout-puissant – comme si un homme qu’on n’avait jamais vu pouvait être tout-puissant – et nous déclara Empereur et Impératrice, au bout d’une bonne heure. Bellatrix sautilla sur place, et on dû s’y reprendre à trois fois avant de pouvoir poser la couronne en équilibre sur sa tête. Quant à moi, je restai stoïque. Un Empereur se devait de rester neutre lorsque le pouvoir vient à lui. Mais je savais déjà que dans quatre jours, j’allais partir à la guerre, et laisser ici ma charmante épouse, qui se chargera de rappeler à tous à quel point le mariage était une chose merveilleuse en dépensant autant d’argent que possible dans des robes toutes aussi ridicules les unes des autres. Espérons qu’elle en ait bien plus dans la caboche que dans mes prédictions, sinon, elle risque fort de sortir de sa chambre dans une boîte en bois. Je n’hésiterais pas. Mais il fallut tout de même l’embrasser, tel le stipulait la tradition. Nous nous levâmes de concert, et souriant l’un à l’autre, nous nous approchâmes. Après une minute à nous fixer dans les yeux pour savoir lequel ferait le premier pas, je fus surpris de remarquer cette sublime femme lever les bras et fermer les yeux en faisant un pas vers moi. Elle m’embrassa en posant les bras autour de mon cou pour me forcer à rester là.

Du diable qu'elle embrassait bien. Alors, je répondis à son baiser, plus pour la provoquer que pour montrer le change à mon peuple. Que je sois pendu si cette femme n’était pas dangereuse. Elle venait de me clouer sur place, avec un seul baiser. J’entendis même la foule crier son contentement. Mais je savais à quel point elle était dangereuse. Après tout, je ne l'avais pas épousée pour être ensuite surpris, j'avais bien observé, appris, compris. A peine les clameurs s’étaient élevées que Bellatrix m’avait lâché pour sourire à la foule en lui faisant un salut de la main. Cette femme connaissait son affaire. Une parfaite Impératrice… Qui sait, peut être elle aussi désirait posséder la puissance absolue. Que dis-je, tous désire cela. Mais peut être qu'elle... Plus que les autres. Ce sourire semblait un peu factice. Etrangement... Faux.

Mais nous étions à présent l’Empereur Venceslas… Et l’Impératrice Bellatrix. La nouvelle génération, le souffle d’air dans ces antiquités empoussiérées. Cela allait nous demander du travail.

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